Depuis l’ouverture du nouveau site web, j’ai reçu quelques messages de félicitations, de chaudières de bêtises, mais aussi de questions de lecteurs néophytes qui cherchent à mieux comprendre le vin. Une fois de temps en temps, je vais m’arrêter pour répondre à quelques-unes d’entre elles. Si vous ou votre belle-mère avez des questions sur le vin at large ou quelque chose de particulier, vous pouvez passer ici, dans ma page de contact, et me demander ce que vous voulez, ou presque.
Martine, de Shannon, nous écrit…
Cher SommFou, chaque fois que je bois du vin italien ici, j’ai mal à la tête. Par contre, quand je le bois en Italie, j’ai moins mal à la tête. Mon chum, qui connaît tout, me dit que c’est à cause des sulfites dans le vin… Avant de l’envoyer chier, peux-tu me dire s’il a raison? Merci!
SOMMFOU: Merci pour votre courriel. Les sulfites sont irrémédiablement présents dans n’importe quel vin que vous allez boire. En effet, la fermentation crée, comme sous-produit, des sulfites. De plus, dans le cas de la grande majorité des vins , on va ajouter des sulfites pour aider le vin à se préserver, à durer dans le temps. Les quantités vont varier d’un vin à l’autre, selon qu’il a plus ou moins besoin de stabilité: par exemple, les vins liquoreux (ou doux), ont besoin d’une dose plus élevée de sulfites ajoutés, sans quoi il repartiraient en fermentation dans le temps qu’il faut pour le dire.
Alors, bien qu’il soit possible que le vin que vous buvez en Italie contienne moins de sulfites, parce qu’il n’a pas eu à voyager jusqu’ici, il est peu probable qu’il soit le cause de vos maux de tête. Non, à en lire la tournure de votre message, j’aurais plutôt tendance à croire que votre migraine vient plutôt de la personne avec qui vous partagez le vin, plutôt que du breuvage lui-même. En effet, il n’existe aucune corrélation claire entre le vin sulfité et l’apparition de symptômes de migraine. Cependant, partager un vin avec un Ti-Jos Connaissant qui n’arrête jamais d’épandre sa culture, ça t’écoeure un cortex sur un méchant temps, sans compter que le vin sera moins apprécié, de surcroît.
Bref, un voyage avec votre chum en Italie saurait prouver que le véritable problème n’est pas dans le breuvage. Peut-être aussi qu’une lettre au courrier du coeur est de mise… Est-ce que Solange Harvey est toujours vivante?
Benoît, d’Outremont, nous écrit…
Je n’ai pas l’habitude d’écrire sur des petits blogues, mais cette question, franchement, me tarabuste… J’ai acheté un vin conventionnel (par accident, je ne bois que des trucs purs et natures, voyez-vous), et l’on mentionne sur l’étiquette qu’il peut contenir des traces de poisson. Je me demandais ce qu’il en était et, comme c’est un vin rouge, si je ne pourrais pas quand même le servir avec de la ouananiche.
Dans l’attente de blahblahblah…
SOMMFOU: D’abord, Benoît, merci d’avoir daigné salir vos doigts pour mon site web. J’apprécie votre question, parce que de tous les trucs qui sont dans les vins que vous appelez conventionnels (non sans raison), la présence de poisson est probablement l’une des plus bénignes, à moins d’être bien sûr allergique aux poissons et aux fruits de mer.
La colle de poisson, appelée isinglass en anglais, est une protéine que l’on obtient à partir de la vessie du poisson. En fait, c’est du collagène, ça vous dit quelque chose? Elle a une capacité de collage des particules fines qui permet une filtration subtile du vin sans lui enlever ses arômes et flaveurs que vous aimez tant. Maintenant, la colle de poisson est généralement réservée pour les vins blancs et rosés, mais il n’est pas impossible de l’utiliser pour les rouges.
Ceci dit, avant de le servir avec votre ouananiche demandez-vous: est-ce que ce vin rouge est très tannique? Les tannins ne se comportent pas bien avec le poisson, surtout si c’est un poisson gras. Généralement, l’effet en bouche est l’équivalent d’avoir sucé une poignée de monnaie: un goût métallique persistent et désagréable envahit le palais et ne laisse aucune place au bon goût de votre vin, ou de votre poisson. C’est à éviter. Cependant, si les tannins de votre vin rouge sont fins, cela peut parfois marcher. Dans ce cas, votre ouananiche pourrait dormir en paix. Merde, vous pourriez même servir votre vin avec de la goberge, Benoît.
Gaétan, de Tewksbury, nous écrit…
heille j’ai goûter à se vinlà il sentait la vaginite entout cas bye
SOMMFOU: merci Gaétan pour votre commentaire. Vous semblez faire référence aux arômes levuriens que certains vins laissent émaner, Il m’apparaît clair qu’en termes de levure, vous avez déjà accumulé un bagage de mementos olfactifs et ce dans une multitude d’endroits. Mais laissons ces considérations derrière pour nous concentrer sur les levures.
Chaque levure utilisée dans la fermentation d’un vin aura son influence propre, c’est-à-dire qu’elle ne produira pas les mêmes caractéristiques organoleptiques qu’une autre. D’abord et avant tout, le boulot d’une levure est de convertir le sucre du jus de raisin en alcool, mais elle produit par le fait même une multitude de sous-produits, des congénères, qui chacun à sa façon influencera les arômes et le goût du vin.
C’est ainsi qu’on distinguera deux types de levures: les levures sélectionnées et les levures indigènes. Nombre de vins sur le marché sont fermentés avec des levures sélectionnées, c’est-à-dire que le producteur choisit les levures qui entreront dans le moût pour effectuer la fermentation. Le plus souvent de type saccharomyces cerevisiae (Guylaine pour les intimes), ces levures feront le même boulot, d’un vin à l’autre, assurant ainsi une constance dans le style, mais au risque de gommer l’effet terroir d’un vin.
Quant aux levures indigènes, ce sont celles qui sont naturellement présentes sur les lieux de la fermentation. Il y en a sur toutes les surfaces, dans l’air, par terre, etc. Y en a en masse pour partir la fermentation sans la provoquer. L’avantage de cette approche est la création d’arômes et de saveurs uniques, tout en conservant, dans une certaine mesure, l’impression de terroir qu’un vin peut donner: en effet, on peut arguer qu’une levure qui provient du domaine lui-même est représentative de son terroir. Par contre, ce ne sont pas toutes les levures présentes dans l’air ambiant qui sont bénéfiques pour un vin. En trop grandes doses, les levures de la famille brettanomyces, pourtant aptes à donner d’excellentes bières, causent du tort au vin, lui donnant des arômes d’étable, voire de fumier.
Maintenant, pour ce qui est du vin dont vous parliez, peut-être quelqu’un dans le chai souffrait-il d’une infection à levure? Petit truc simple, dans ce cas: il faut se laver avec une mixture d’eau et de farine de blé. En un rien de temps, le chai embaumera comme une boulangerie.
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